Paul Morel à l’issue de la réunion du groupe de la Gauche radicale en pleine crise ministérielle à Paris – 28 Octobre 1925

Paul Morel à l’issue de la réunion du groupe de la Gauche radicale en pleine crise ministérielle à Paris - 28 Octobre 1925
Paul Morel à l’issue de la réunion du groupe de la Gauche radicale en pleine crise ministérielle à Paris – 28 Octobre 1925

La crise n’aura pas duré longtemps. Chargé cet après-midi de former le cabinet, M. Painlevé, après avoir demandé à consulter quelques amis, notamment M. Edouard Herriot, MM. Gaston DOUMERGUE, de SELVES acceptait à 8 heures la mission qui lui était confiée.
À la vérité, le président du conseil démissionnaire n’avait pas manqué de souligner au président de la République que, dans les circonstances actuelles, le président du parti radical et radical socialiste, M. Edouard Herriot, lui semblait très désigné pour prendre le pouvoir.
Mais M. Doumergue fut catégorique. Il affirma à M. Painlevé qu’il ne ferait pas appeler M. Herriot, pour cette raison entre autres que le président de la Chambre lui avait expliqué, avec des arguments probants, la veille même, qu’il ne pensait pas pouvoir constituer un ministère viable.
Dans ces conjonctures, M. Painlevé n’avait plus qu’à s’entendre avec Herriot. Il estimait en effet qu’aucune combinaison ne serait solide et durable sans une entente complète avec le président de la Chambre. Il désirait obtenir de ce dernier l’assurance formelle qu’il le soutiendrait ouvertement et énergiquement.

Cette assurance, M. Herriot ne la marchanda pas. Après avoir déclaré à M. Painlevé que lui seul était en mesure de rebâtir un cabinet de cartel, le président de la Chambre s’offrit à faciliter la tâche délicate qui attend le président du conseil de demain; il précisa que l’entrée dans le futur cabinet de quelques-uns de ses anciens collaborateurs scellerait une alliance étroite entre M. Painlevé et lui.
Certain, désormais, qu’il ne se heurterait plus aux difficultés politiques qu’il a connues ces temps derniers M. Painlevé n’avait qu’à céder au désir du président de la Chambre. A 8 heures, il lui annonçait qu’il allait essayer de mettre sur pied un nouveau ministère.
Une fois de plus le grand républicain qu’est. M. Paul Painlevé ne se dérobait pas à son devoir. Aussitôt rentré au ministère de la guerre, il commençait à étudier la liste des parlementaires capables de le seconder dans son œuvre et il appelait tour à tour, dans ce dessein, les plus qualifiés d’entre eux.

A la suite de ses consultations politiques qu’il avait suspendues vers midi et demi, le président de la République a fait appeler dans le courant de l’après midi M. Paul Painlevé, président du conseil démissionnaire, lui a offert la mission de constituer le nouveau ministère. M. Paul Painlevé, qui avait accepté en principe, mais avait tenu à conférer avec quelques amis politiques,
est revenu à 20 heures à l’Elysée, pour mettre le président de la République au courant de ses démarches et lui donner son acceptation définitive.
Avant d’entrer à l’Elysée, M. Painlevé a déclaré aux journalistes qu’il consultera ce soir quelques personnalités de la Chambre et du Sénat, mais que, de toute façon, il gardera comme collaborateur l’auteur du pacte de Locarno.
En sortant de l’Elysée, vers six heures, M. Painlevé, s’est rendu à La présidence de la Chambre, où il a eu avec M. Edouard Herriot un entretien de plus d’une heure. Au cours de cette entrevue, MM. Thomson, Chautemps, Bonnet, André Hesse et Renaudel sont venus également à la présidence de la Chambre; mais ils n’ont pas pris part à la conversation entre MM.
Painlevé et Herriot, à l’issue de laquelle le président du conseil démissionnaire s’est rendu au quai d’Orsay auprès de M. Aristide Briand.

À l’issue de la réunion du groupe de la Gauche radicale que préside M. Paul Morel, les assistants ont déclaré qu’ils n’avaient pris aucune décision et que cette séance ne constituait qu’un premier échange de vues. Il en résulte pourtant certaines indications qui peuvent être ainsi précisées.
Le groupe demeure partisan de l’Union des gauches et est prêt, pour sa part, à la maintenant dans des conditions acceptables ; au point de vue financier, il considère qu’il ne faut pas s’en tenir à des formules toutes faites et qu’avant de se prononcer pour ou contre un projet de prélèvement d’assainissement, il convient de l’examiner attentivement et d’envisager ses conséquences.
La grande majorité se considère engagée par son vote antérieur sur la proposition socialiste, qui a été rejetée à l’unanimité moins de ou trois abstentions.

Aussi le groupe désire-t-il s’orienter vers une formule d’assainissement qui puisse être acceptée par les groupes de gauche du Parlement.
En conséquence, il s’est montré résolument hostile à la suggestion faite hier par M. Compère-Morel de vaincre la résistance du Sénat par tous les moyens, même au prix d’une dissolution de la Chambre.
Tout au contraire, il estime nécessaire une collaboration avec les républicains de la Haute-Assemblée.
Par ailleurs, il ne saurait admettre que le groupe socialiste apporte son soutien au gouvernement futur pour les seules questions se rattachant à son programme.

Le groupe des députés socialistes unifiés a procédé à un long échange de vues. La question de la participation éventuelle au pouvoir et celle de la politique de soutien ont été discutées.
Pour la première fois, il a été convenu qu’elle ne se posait pas, puis qu’il n’est fait appel jusqu’ici à aucun membre du parti.
Quant à la politique de soutien, il a été généralement reconnu que la décision du parti dépendrait de la composition du gouvernement.
Un débat s’est ensuite institué sur la question financière. Il ressort de cette délibération que le groupe ne considère pas comme une condition sine qua non de son soutien l’adoption du projet de prélèvement sur le capital tel qu’il a été soumis à la Chambre au mois de juin 1925. le groupe socialiste serait disposé à se rallier éventuellement à tout projet consistant à réduire la dette publique par des ressources tirées d’une caisse d’amortissement et alimentée par des prélèvements sur la fortune, considérée sous toutes ses formes. En aucun cas, le groupe socialiste n’accepterait que la caisse d’amortissement pût être dotée au moyen d’impôts supplémentaires, comme le proposait, disent les socialistes, M. Caillaux.

Jean-Paul Morel est un homme politique français né le 20 septembre 1869 à Vesoul et mort le 23 décembre 1933 à Lagny (Seine-et-Marne).
Paul Morel naît au 15, rue Basse (actuelle rue Paul-Morel, qui fut rebaptisée en son honneur) en 1869. Il effectue ses études au lycée Gérôme de Vesoul.
Paul Morel est élu maire de Vesoul de 1908 à 1933.
Il meurt le 23 décembre 1933 à Lagny-sur-Marne (Seine-et-Marne) dans l’accident ferroviaire de Lagny-Pomponne et est inhumé dans l’ancien cimetière de Vesoul.