Violette Morris arrivée première sur Benjamin et Lenfant second sur Benjamin à l’arrivée de la course Paris-Les Pyrénées-Paris – Porte Maillot – 18 Juin 1922

Violette Morris arrivée première sur Benjamin et Lenfant second sur Benjamin à l’arrivée de la course Paris-Les Pyrénées-Paris - Porte Maillot - 18 Juin 1922

Violette Morris arrivée première sur Benjamin et Lenfant second sur Benjamin à l’arrivée de la course Paris-Les Pyrénées-Paris – Porte Maillot – 18 Juin 1922

Le retour à Paris – Organisé par Moto-Revue avec le concours du Petit Parisien

De Tours à Paris, soit sur un parcours facile, connu et de distance moyenne, les onze concurrents qui depuis Bordeaux, avaient échappé à la sévère mise hors de course pour retard trop important. Ces onze pilotes de onze remarquables engins, ont très facilement terminé le raid qu’ils avaient entrepris dimanche 11 Juin 1922 et qui, de Paris, les a amenés jusqu’aux cols Pyrénéens pour finalement revenir dans la capitale, après avoir couvert près de 2000 kilomètres.

Sur ces onze « rescapés » de marque, trois terminent sans aucun point de pénalisation, c’est à dire que de tous les motocyclistes, sidecaristes et cyclecaristes qui s’étaient engagés dans la grande manifestation automobile de Moto-Revue et du Petit Parisien, seuls Ring, Sigrand et De Belleville sont parvenus à boucler l’immense itinéraire à plus de 30 kilomètres à l’heure de vitesse moyenne ; cette première constatation souligne comme il convient la difficulté de l’épreuve, qui demeure au dire des concurrents habitués de toutes les grandes compétitions, le plus dur et le plus pénible de tous les concours similaires.

La dernière étape s’est donc déroulée sans aucun incident, elle fut pour tous heureuse, donc sans histoire, et tel le classement était à Tours, tel il demeure à l’arrivée à Paris.

Voici du reste les différents classements auxquels l’épreuve Paris-Les Pyrénées-Paris à donné lieu :

Cyclecars 750cmc : 1. Mme Violette Morris sur Benjamin – 2. Lenfant sur Benjamin.

Parmi les prix spéciaux affectés à l’épreuve, la Coupe de la Côte-d’Argent revient à l’équipe Ring et Berranger sur motos B.S.A. ; la Coupe des Pyrénées est confiée à l’équipe Violette Morris et Lenfant, sur cyclecars Benjamin ; le prix de la Ville de Vichy, le prix du M.C. Charentais, le prix du C.C. de France, sont gagnés par de Belleville, sur cyclecar Derby ; le prix de l’A.C. de l’Ouest est enlevé par Sigrand, sur cyclecar D.S.

Signalons enfin la bonne tenue des voitures Voisins, qui suivirent l’épreuve de bout en bout et qui ne connurent, à elles deux que trois crevaisons comme seuls incidents de route. Sans arrêt, sans défaillance, les moteurs créés par Gabriel Voisin ont tourné dans les rudes rampes du Massif Central, dans les cols des Pyrénéées aussi bien qu’en palier. Leurs deux conducteurs se sont d’ailleurs montré dignes du part instrument qu’ils avaient entre les mains… et ce n’est pas peu dire !

Dans la matinée sous la pluie ; l’après-midi sous les rayons d’un soleil aux ardeurs parfois trop généreuses, quinze concurrents, sur les seize partis ce matin de la porte d’Italie, ont parfaitement menés à bien le premier stade du concours de Moto-Revue.

Il faut déplorer la mise hors course du cyclecar Derby de Goet, qui n’a pu rejoindre le contrôle de Moulins dans les délais.

Les autres sont arrivés sans panne, sans gros incidents, seules des crevaisons ont contrarié la marche sans les empêcher d’arriver à l’heure fixée, toujours basée sur une moyenne de 30 kilomètres à l’heure. Il n’y a donc pas de pénalités à enregistrer.

Il convient de signaler le succès de l’épreuve sur la route, il y eu foule dans les traversées d’agglomérations, malgré la pluie du début d’étape. Les contrôles étaient envahis par les curieux et les sportmen. A Vichy, nous connûmes les honneurs et les inconvénients de l’extrême popularité ; certaines arrivées en trombe, dans le tonnerre des moteurs, provoquèrent l’enthousiasme. Il est des pilotes qui ne dédaignent pas les joies de la vitesse, et qui se permettent le luxe de rouler fréquemment à 90 kilomètres à l’heure.

Coiffés uniformément du béret basque, les concurrents de Paris-Les Pyrénées-Paris ont fait dimanche 18 Juin 1922 vers 5 heures, leur arrivée à la porte Maillot, où une foule compacte était venue les fêter. 

Il faut dire que cet accueil cordial leur était bien dû : cette boucle de 2.000 kilomètres, passant par Vichy, le Massif central, Rodez, Toulouse, les cols des Pyrénées, Tarbes, Bordeaux et Tours, représente en effet un splendide effort pour les hommes et pour les véhicules. D’autant que la principale difficulté de l’épreuve, l’étape des cols pyrénéens, fut disputée sous la pluie, le vent, le brouillard et le froid, qui la rendirent particulièrement pénible : routes glissantes, donc se prêtant mal aux virages très serrés du parcours en montagne ; routes en même temps collant aux pneumatiques, exigeant des moteurs un effort plus grand pour gravir les côtes. Aussi cette seule étape des cols pyrénéens suffit-elle pour donner un classement qui n’a subi, depuis, que fort peu de modifications. 

En effet, à Tarbes, trois concurrents seulement n’étalent. pas pénalisés : un motocycliste, Ring ; un sidecariste, Sigrand ; un cyclecariste, de Belleville. Ces trois vainqueurs de l’étape Toulouse-Tarbes sont les trois vainqueurs de Paris-Les Pyrénées-Paris. 

Ring, sur motocyclette B. S. A., est le secrétaire général du Moto Club d’Alsace-Lorraine ; il était venu spécialement de Strasbourg pour courir l’épreuve. D’un bout à l’autre, l’homme et la machine furent au-dessus de tous les obstacles. Fait caractéristique, Ring a couvert le parcours Rambouillet-Versailles à la moyenne fixée de 30 kilomètres à l’heure en roulant sur la jante arrière – pneu crevé. Les motocyclistes apprécieront comme il convient ce tour de force. 

Sigrand, sur sidecar D. S., a mené l’épreuve à toute allure, avec une admirable sûreté et une confiance entière dans la résistance de sa machine. 

Enfin de Belleville, sur cyclecar Derby, a été le roi des cols pyrénéens. Il a ensuite conduit très prudemment, ne laissant rien au hasard, de manière à ne pas encourir de pénalisation. 

Ce sont vraiment les trois meilleurs hommes qui ont gagné.  La courageuse performance de l’amateur Sablon recordman des crevaisons, est à signaler, ainsi que la maîtrise de Mme Violette Morris, la sportswoman connue, qui termine en tête de sa catégorie et serait seconde du classement général des cyclecars avec un Benjamin de 750 cmc. seulement. 

Voici les résultats : 

Motocyclettes 500 cmc. — 1. Vattier, sur B.S.A., 

pénalisation 28 points ; 2. Sablon (amateur), 156 pts. 

Motocyclettes 750 cmc. — 1. Ring, sur B.S.A., 

sans pénalisation ; 2. Berrenger (B.S.A.), 107 pts. 

Sidecars 1.000 cmc. — 1. Sigrand, sur D.S., sans 

pénalisation ; 2. Lamandin (D.S.), 161 points. 

Cyclecars 750 cmc. — 1. Mme Gouraud-Morris

sur Benjamin, 13 points ; 2. Lenfant (Benjamin), 

50 points. – 

Cyclecars 1.100 cmc. — 1. De Belleville, sur Derby, 

sans pénalisation ; 2. Goupy (J.G.), 16 points ; 3. 

Smeets (Morgan), 22 points. 

Les Coupes de régularité ont été remportées : Coupe de la Côte d’Argent (motocyclettes), par l’équipe B.S.A.; Coupe des Pyrénées (véhicules avec passagers), par l’équipe Benjamin. 

Le prix de la Ville de Vichy est gagné par de Belleville, celui de l’A.C.O. par Sigrand, celui du M.C. Charentais par de Belleville, 

L’organisation de Moto-Revue fut excellente et la formule de l’épreuve, qui réussit à classer tous les concurrents par leur seule régularité de marche, a prouvé toute sa valeur.

L’édition de 1921 l’équipe des sidecars B.S.A. avait gagné dans Paris-Les Pyrénées-Paris, la Coupe de régularité pour véhicules avec passagers. Cette année, nouvelle victoire de B.S.A., mais avec des motocyclettes seules. C’est la preuve éloquente qu’avec ou sans sidecar la motocyclette B.S.A. est la machine Idéale de grand tourisme. De plus, ceux qui ont vu Ring, en pleine vitesse lâchant le guidon des deux mains et faire des exercices de bras, ont pu se rendre compte de la sûreté de conduite de la B.S.A. M. Polack, directeur pour la France de la célèbre marque, savait qu’il pouvait sans crainte risquer la très dure épreuve de Paris-Les Pyrénées-Paris. 

MM. Debladis et Sigrand, constructeurs de pièces détachées pour Harley et Indian, ont voulu prouver la valeur de leur fabrication en inscrivant deux machines D.S., établies par eux, dans Paris-Les Pyrénées-Paris. Cela pouvait sembler très audacieux, l’épreuve étant réputée comme extrêmement dure. Or, Sigrand la termine sans aucune pénalisation, après avoir forcé l’admiration par la vitesse à laquelle il a marché, arrivant très en avance à tous les contrôles, même lorsque ceux-ci étaient en haut des cols-pyrénéens. Deux machines au départ, deux à l’arrivée. Rappelons d’ailleurs qu’au Bol-d’Or motocycliste, autre épreuve dure entre toutes, Sigrand était en tête à la vingt-troisième heure et demie, avec six tours d’avance, lorsqu’une chute vint le priver du bénéfice de la victoire. Ces faits prouvent la valeur de tout ce qui sort de chez 

Debladis et Sigrand, 3, rue Villebois-Mareull, à Vincennes.

Premier dans Paris-Nice, le cyclecar Derby continue : premier dans Paris-Les Pyrénées-Paris, il est le seul de tous les cyclecars à n’être pas pénalisé au cours des 2000 kilomètres du parcours. Pour véhicule de tourisme, il ne craint, pas d’affronter ces épreuves avec une voiture de série courante, dont l’élégance et le confort lui ont valu le prix du M.C. Charentais, affecté au véhicule le mieux équipé en tourisme. – Renseignements: 11, rue des Varebois, Courbevoie. 

La seule Coupe de régularité par équipes pour les véhicules avec passagers est remportée par le cyclecar Benjamin, qui prend au surplus les deux premières places de sa catégorie. Il est à noter que le Benjamin est muni d’un moteur entrant dans la petite catégorie 750 cmc., ce qui augmente la valeur de sa performance et Indique qu’il s’agit d’un véhicule économique par excellence. 

Violette Morris, dite « la Morris », née le 18 avril 1893 à Paris et abattue par un maquis le 26 avril 1944 sur une route de campagne aux environs de Lieurey, est une championne sportive française polyvalente, détentrice de plusieurs records du monde, ayant gagné, en 1927, le Bol d’or automobile. Elle est devenue par la suite espionne et collaboratrice à la solde de la Gestapo française.

Née Émilie Paule Marie Violette, fille du baron Pierre Jacques Morris et d’Élisabeth Marie Antoinette Sakakini, dite « Betsy Sakakini », d’origine levantine, elle passe son adolescence au couvent de l’Assomption de Huy et devient ambulancière sur le front de la Somme, puis estafette sur le front de Verdun « pour porter des ordres, tous les jours, sur les points précis d’un circuit qui passait par Noyon, Compiègne, Ham, Soissons, Maux, Villers-Cotterêts ».

Violette Morris est une sportive complète : athlète spécialiste du lancer du poids, également sélectionnée au disque, et licenciée du Fémina Sports de Paris de 1917 à 1919, puis de l’Olympique de Paris de 1920 à 1926.
Elle est également joueuse de football, avant-centre ou demi-centre, sélectionnée en équipe de France féminine de water polo, sélectionnée en équipe de France mixte en 1925 et 1926, membre de l’équipe des Libellules de Paris, boxeuse ne craignant pas d’affronter les hommes, coureur cycliste, motocycliste, pilote automobile, aviatrice. Elle remporte notamment la course du Bol d’Or en 1927.
Sa grande rivale au poids est Lucienne Velu. Tous sports confondus, sa carrière s’étale de 1912 à 1935, ses plus brillantes années sportives étant celles entre 1921 et 1924. Elle s’adonne également hors compétition à l’équitation, au tennis, dont elle vit en donnant des cours en 1940, au tir à l’arc, au plongeon de haut vol, au water-polo, à l’haltérophilie et à la lutte gréco-romaine.
Consommant deux ou trois paquets de cigarettes américaines par jour, le plus souvent engoncée dans un complet gilet-veston d’homme et pourvue d’un vocabulaire de charretier, elle a pour slogan : « Ce qu’un homme fait, Violette peut le faire ! ».
À partir de 1928, elle tient avec quelques employés un magasin d’accessoires automobile à Paris, porte de Champerret, racheté par le constructeur parisien Bollack Netter et Cie (BNC) en 1932.
En 1930, elle subit une mastectomie bilatérale afin de pouvoir mieux tenir le volant dans un cockpit d’automobile.
Elle est l’amie de Jean Marais, Joséphine Baker et Jean CocteauHomosexuelle, elle sera l’amante pendant plusieurs années de l’actrice Yvonne de Bray qui vécut avec elle sur une péniche. Cocteau écrira la pièce Les Monstres sacrés à propos du couple Morris-de Bray.

Violette Morris was an outstanding and versatile French athlete who won two gold and one silver medal at the Women’s World Games in 1921–1922. She was later banned from competing for violating “moral standards“. During World War II, she was accused of collaboration with Nazis and the Vichy France regime. She was killed in 1944 in a Resistance-led ambush.

Morris was a gifted athlete, becoming the first French woman to excel at shot put and discus, and playing on two separate women’s football teams. She played for Fémina Sports from 1917 until 1919, and for Olympique de Paris from 1920 to 1926. Both teams were based in Paris. She also played on the French women’s national team.
In addition to her football career, she was an active participant in many other sports. She was selected for the French national water polo team even though there was no women’s team at the time. She was an avid boxer, often fighting against, and defeating men.
She became French national champion in 1923. Among the other sports she participated in were road bicycle racing, motorcycle racing, car racing, airplane racing, horseback riding, tennis, archery, diving, swimming, weightlifting, and Greco-Roman wrestling. Her most brilliant athletic years were considered to be from 1921 to 1924, when her slogan was “Ce qu’un homme fait, Violette peut le faire!”. In 1924 she participated at the 1924 Women’s Olympiad again taking the gold medal in discus and shot put. She later won the 1927 Bol d’Or 24 hour car race at the wheel of a B.N.C..

Morris’s lifestyle in the 1920s was quite different from the traditional role of women. In addition to her wide-ranging athletic activities, Morris deviated from traditional behaviours of the time in several other ways. She was homosexual, she dressed in men’s attire, was a heavy smoker and swore often.
In 1928, the Fédération Féminine Sportive de France (FFSF) [French Women’s Sports Federation] refused to renew her licence amid complaints about her lifestyle and she was therefore barred from participating in the 1928 Summer Olympics. The agency cited her lack of morals, in particular, Morris’ penchant for wearing men’s clothing. She had also punched a football referee. Afterward, Morris decided to undergo an elective mastectomy, which she claimed was in order to fit into racing cars more easily. After 1928, her auto racing license was revoked on similar moral grounds and Morris started a car-parts store in Paris, and, along with her employees, building racing cars. The business went bankrupt. In 1930, she unsuccessfully sued the FFSF, claiming damages, as she could no longer earn wages competing as an athlete. During the trial, an obscure ordinance from 1800 forbidding women to wear trousers was used against her. Historian, Marie-Jo Bonnet, claimed that if Morris’s homosexuality wasn’t directly targeted in the trial, it was addressed throughout. Ironically, one of the lawyers acting for the FFSF was the noted campaigner for French women’s rights, Yvonne Netter. A quote was attributed to Morris after the trial, but was censored:
“We live in a country made rotten by money and scandals, ruled by speechifiers, schemers and cowards. This country of little people is not worthy of its elders, not worthy of survival. Someday its decay will bring it to the level of a slave, but if I’m still here, I won’t be one of the slaves. Believe me, it’s not in my temperament.”

During her athletic career in the 1920s, Morris became friends and associates with many of France’s artists and intellectuals. She had longstanding friendships with American-born entertainer Josephine Baker, actor Jean Marais, and poet, author, and filmmaker Jean Cocteau. In 1939, Morris, along with her partner, actress Yvonne de Bray, invited Cocteau to stay with them at their houseboat docked at Pont de Neuilly where he wrote the three-act play Les Monstres sacrés.

Benjamin était une marque française d’automobiles fondée en 1921 par Maurice Jeanson et dont l’usine et les bureaux se trouvaient à Asnières, 139 boulevard Voltaire. La société disposait également d’un salon d’exposition à Paris, 11 boulevard Montmartre.

Il débuta par la production de plusieurs cyclecars baptisés type A, B et C, un coupé deux places doté d’un moteur 4 cylindres. Grâce au succès de celui-ci, il sort les modèles P2 et P3, qui eux, auront un succès moindre. Après la construction d’une deuxième usine à Gennevilliers, 39 rue de Paris, et le lancement d’une nouvelle gamme, avec des moteurs Chapuis-Dornier, la société fut restructurée en 1927 et devient Benova mise en faillite en 1931.

En juin 1922, des cyclecars Benjamin remportent la course Paris-Les Pyrénées-Paris.

Le type A (1921) est propulsé par un 4 cylindres de 751 cm3 développant 11 chevaux. Le type B (1922) est un bicylindre de 547 cm3 Le type C (1922) est une version sportive du type A dont la cylindrée est portée à 950 cm3.

Le type P2 Duplex 6/12 ch, un bicylindre 2 temps de 750 cm3 est produit à partir de 1924. Il est suivi par le type P3 Triplex 9/18, un 3 cylindres, 2 temps, d’une cylindrée de 1 125 cm3.